29.12.10

Apollo Restaurant



Un couple d'amis à nous chantent les louanges de Giovanni Apollo depuis un bon moment alors on se promettait toute une orgie de bouffe.  En ouvrant la porte je lance en riant que c'est mieux d'être bon en maudit vu qu'ils m'ont assez cassé les oreilles avec leur Apollo. 

J'ai hâte de tenter l'expérience car je n'ai jamais vraiment goûté une cuisine qui se dit moléculaire. Aucun autre endroit à Montréal ne se vante de servir une telle cuisine à ma connaissance.  L'endroit est assez minimaliste et épuré dans la déco. On n'annonce pas l'opulence des produits proposés sur la carte au premier coup d'oeil comme le  foie gras et les truffes blanches et noires (oui oui de la vraie truffe fraîche qui vaut environ 5000$ le kilo). Le menu est annoncé sur un tableau noir avec très peu de description (grimace de ma part) et le serveur ne veut pas trop en dire pour garder la surprise. Bon ben faut se lancer et se laisser bercer en toute confiance. (autre grimace de la part de la control freak qui m'habite)




Pour le plaisir, donc, nous avons commencé la soirée avec un plat de risotto à la truffe, partagé à quatre avec notre apéritif de champagne. (dure vie!) Nous avons ajouté en extra la fameuse truffe blanche. Si vous n'avez jamais essayé de la vraie truffe fraîche, ne passez pas à coté de ce petit luxe, c'est indescriptible et impossible à trouver.


Risotto champignons et truffes




Le menu est simple.
Entrées: Foie gras, artichaut, gnocchi
Plats:  Gibier, Mer, Boeuf, canard, Côte d'Armor
Plaisir: Risotto de truffe et champignons, extra de truffe blanche ou noire.

Chaque élément sera présenté en trois ou quatre déclinaisons de manière superbe. J'ai bien aimé cette façon de présenter les plats et la chance de goûter de multiples saveurs dans une seule assiette. Le Foie gras à 39$ était carrément spectaculaire et valait largement son prix. Cette assiette, à elle seule, vaut le détour. J'ai vraiment flanché pour la tranche de foie frais cuit à l'osmose....pas certaine d'avoir compris le concept de cuisson totalement étant trop occupée à m'extasier du goût dans ma bouche lorsqu'on tentait de m'expliquer. Avec la gorgée de Sauternes ensuite, je vous jure que j'ai presque versé une larme. Le petit pot au milieu de l'assiette contient un capuccino de foie gras au Bailey's fantastique et que dire de la belle escalope poêlée à la perfection.


Déclinaison de Foie gras
 L'assiette d'artichaut m'a plue aussi avec l'originalité des ingrédients. Mettait bien le légume en valeur. Saviez vous que les crosnes étaient proches de l'artichaut? ces petites crottes mignonnes ressemblant presque à un  tire-bouchon étaient délicieuses présentées dans un bouillon.   La déclinaison Côte d'Armor, pour la côte armoricaine, m'a moins emballée mais ne manquait pas d'originalité avec son échantillon de la cuisine bretonne. Un ceviche de pétoncles avec huîtres (pour les initiés au coeur solide), une langouste (ça c'était très bon) , une espèce de mini crêpe farcie à la saucisse(oké) et un jambon de porc un peu gélatineux farci avec des prunes au centre. (bof). Ensuite est venue la déclinaison de boeuf qui m'a fait lâcher encore des ahhhhh de bonheur. Le filet mignon était servi dans une sauce absolument exquise que nous avons lèchée avec notre pain. Il côtoyait un genre de carpaccio avec du croquant débile dessous et un morceau généreux de joue de boeuf dans une sauce très goûteuse.

Déclinaison sur l'artichaut

Déclinaison de la côte d'Armor
La seule affaire que j'ai trouvé un peu poche dans les assiettes et il faut que je le dise sans vouloir insulter le chef, c'est la petite salade composée de laitue un peu molle qu'on a retrouvé dans presque tous les plats. Il me semble qu'on aurait pu mettre quelque chose d'un peu plus recherché pour être à la hauteur du reste. Le chef, soit dit en passant, a une bouille fort sympathique et a pris le temps de faire le tour de la salle en fin de soirée. Nous avons pu l'observer dans sa grande cuisine toute vitrée avec sa brigade fort occupée. Il faisait des coucous dans la vitre à des clients assis sur le bord....probablement des habitués.  Même s'ils ont eu à un moment donné carrément la broue dans le toupet, le service n'en a pas souffert. Des vrais pros!

Pour les amoureux de desserts, vos yeux et vos papilles ne seront pas déçus. Les déclinaisons de crème brûlée, inspiration de la pâtissìère et glaces et sorbets sont des petites merveilles. Oui, nous les avons toutes commandées car ma charmante voisine est une obsédée des desserts et j'en était fort contente puisque j'ai pu avoir un échantillon complet de la carte. Vraiment menoum même si plus faim car croyez-le ou non,  on a aussi pris le fromage avant. Le fait d'être quatre convives nous a permis de commander plus de plats et les portions se partagent très bien.




J'étais un peu sceptique, j'avoue, de la pertinence du concept haute cuisine gastronomique mêlée à un "Bring your own booze". Pour moi, et à tort sûrement, un resto apportez- votre -vin est en général synonyme de "cheap date". On a fait du chemin depuis la Casa Grecque et la liste de restaurants de ce type qui offrent une cuisine très acceptable s'allonge mais ça reste des cuisines de style plus humble . Quand je m'en vais me taper un festin qui risque de friser les 100$ par personne,  j'aime bien avoir le bon vin pour accorder chaque plat. L'absence de permis d'alcool et d'un sommelier rend l'exercice presque impossible à moins d'apporter des tonnes de bouteilles et risquer de sortir de là très pompette. 

Par conséquent, une visite chez Apollo ça se planifie. Et plus on est de monde, plus il sera facile de prendre des vins différents. Les demi-bouteilles sont à mon avis idéales si vous y allez en couple. Parce que c'est Noël et parce que nous savions que le foie gras était un incontournable, on avait apporté un champagne et un Sauternes pour commencer la fête. Ensuite un blanc polyvalent, un rouge corsé et un rouge plus léger pour être prêts à toute éventualité pour la suite du repas. C'est clair qu'on n'aurait pas pu se payer des bouteilles de cette qualité en doublant le prix de la SAQ, comme normalement le font les restaurateurs. En ce sens le concept n'est pas fou. C'est plus de troubles mais on est contents quand on reçoit la facture. Mes amis avaient donc raison de me casser les oreilles et n'ayez pas peur du mot "moléculaire", la cuisine n'est pas trop "flyée" ! Merci pour cette belle découverte.



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