18.11.10

Tuck shop

Façade rue Notre-Dame
J'entre ici un mardi soir, c'est plein à craquer. J'ai essayé d'obtenir une réservation du jeudi au samedi maintes fois mais impossible si on est pas d'avance. Il faut dire que les gros bonnets de la critique culinaire (Lesley Chesterman pour "The Gazette" et Marie-Claude Lortie pour "La Presse" ont parlé en bien du Tuck shop dans les dernières semaines et que déjà, dès l'ouverture, les gens du quartier excités de la nouveauté se sont rués aux portes.

Faune surprenante (pas jeune jeune) et une façade qui n'annonce pas du tout la qualité de ce qu'il y aura dans les plats. C'est charmant quand même, et ça fait très St-Henri.  Le décor ressemble à un pub anglais, c'est bruyant et tassé (façon Joe Beef). Je me demande pourquoi cet engouement pour les restos où il faut quasiment tirer la table pour arriver à s'asseoir sur la banquette et où on peux prendre les ustensiles de la table voisine sans même s'étirer. J'haï ça! Je le déclare haut et fort à mon chum parce que si je lève pas le ton il ne comprendra pas ce que je dis.  Je ne souffre pas d'agoraphobie mais la proximité me gêne un peu quand je m'en viens dépenser 150$ dans un resto. Je ne suis pas confortable sur ma chaise de bois, je me tortille. Je dis qu'on viendrait pas manger avec des amis ici c'est trop l'enfer. Bon. Ma critiquasserie s'arrête là.

En découvrant le menu, je me suis mise à sourire un peu. Trop de choix déchirants et  j'aime bien son look écrit à la main au crayon de plomb sur du papier gris...c'est croche un peu comme des notes de cours à l'école."Cute". 

Nous commençons par 2 entrées très copieuses qui m'ont VRAIMENT plu. Un cornouailles façon Jerk servi avec de la purée de haricots noirs et tout plein de coriandre. Le poulet avait vraiment un goût nouveau et mes papilles quoique choquées au début étaient ravies. Ensuite la longe de porc servie avec des pleurotes et une sauce à la mimolette (fromage jaune foncé de type vieux cheddar) a conquis mon coeur. Je l'ai dit 20 fois en mangeant....c'est vraiment bon....non mais franchement c'est écoeurant. L'équilibre parfait entre les textures et saveurs du porc, du champignon, de la ciboulette fraîche discrète mais présente ainsi que le croquant du choux et l'onctuosité de la sauce. Ce n'est pas de la cuisine raffinée et de haute gastronomie mais pas loin....c'est goûteux, c'est réconfortant. J'adore.

Comme plats principaux nous avons dabord choisi le magret de canard servi avec des spatzels et chou de Savoie. La garniture de spatzel était un peu sucrée et se mariait admirablement avec les tranches de canard saignantes à souhait. Très beau plat avec les petites grenades qui miroitent.  En deuxième plat, le bar ne m'a pas excitée plus qu'il faut malgré la présentation très originale et la qualité incontestable du poisson. Pain grillé et tomates confites en accompagnement ça j'ai beaucoup aimé. Les quelques moules et palourdes dans l'assiette m'ont laissée indifférente. 

J'ai emprunté les photos sur la critique de Lesley Chesterman (heureusement elle semble avoir mangé les mêmes choses que moi)  car j'étais trop gênée pour poser avec ma voisine de droite qui semblait examiner le moindre de mes gestes (paranoïa de ma part probablement mais ça me tapait sur les nerfs)



Longe de porc et pleurotes sauce mimolette (photo John Kinney, The Gazette)

Magret de canard, spatzels et chou de Savoie (photo John Kinney, The Gazette)
Le service était assez relax pour une place bondée comme ça. Je n'aurais pas été surprise de me faire expédier dehors pour libérer la table mais jamais je n'ai senti de pression pour accélérer le "beat". On nous a laissé une pause entre les plats et le temps de finir nos verres de vin tranquillement. La facture montait à 95$ taxes incluses sans la boisson. Prix totalement justifié à mon avis par la grande qualité de la bouffe mais moins à cause de l'endroit.


Je vais y retourner sans doute très vite essayer d'autres mets qui ont attiré mon attention. Le tartare servi avec une rémoulade avait l'air super ainsi que la salade de homard. Un des avantages d'être tassés c'est de pouvoir lorgner tous les plats de la carte sans que ça paraisse trop. Le jarret d'agneau semblait également spectaculaire.   J'ai rêvé à ma sauce mimolette cette nuit là.  Sans rire j'ai adoré ce plat et c'est ça qu'on recherche non? la quête du plat ultime qui nous fera saliver juste avec le souvenir du goût divin qu'on a eu en bouche.

Je me disais ce matin que j'aimerais déménager la cuisine du Tuck shop dans un beau et grand local comme celui du restaurant Accords par exemple. Ces derniers ont un endroit du tonnerre avec une cuisine bien moyenne tandis que le Tuck shop épate les papilles dans un boui-boui. C'est pas juste!

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